L’hiver peut avoir comme autre nom la saison morte, mais toute la vie ne s’arrête pas en hiver loin de là. Nombre d’animaux s’affairent encore quand les températures sont proches (ou un peu en dessous) de zéro. Et dans nos maisons où les températures restent douces, les bestioles restent actives. C’est aussi le cas des araignées…

Qu’est-ce qu’une araignée ?

Une araignée est un arthropode, chélicérate, arachnide. Elle n’est donc pas un insecte ! (cf. bref glossaire en bas de page)

Les araignées sont dotées de filières, des appendices situés à l’extrémité de l’abdomen, qui leur permettent de produire et tisser de la soie. Toutes les espèces produisent plusieurs qualités de soie, cependant toutes les espèces ne tissent pas de toile-piège à proprement parler. Certaines ont des techniques de chasse très originales (chasse à l’affût, à courre, en sautant, en pêchant…).

Les araignées possèdent donc 4 paires de pattes (contre 3 pour les insectes) et une paire de pédipalpes utilisés de manière sensorielle et pour la préhension. Enfin, devant leur bouche se situe une paire de chélicères, des pinces (venimeuses chez la grande majorité des araignées) qui leur servent à attraper leurs proies et à se défendre. A noter : venimeux ne veut pas dire dangereux !

Les araignées, une source de peur ?

De par leur mode de vie, leur morphologie et leur aspect, les araignées représentent souvent dans la culture populaire occidentale des créatures du mal ou des créatures effrayantes. On peut en trouver des exemples depuis les Métamorphoses d’Ovide, et bien plus récemment dans Harry Potter, Le seigneur des anneaux, Quand sort la recluse ou encore l’imagerie de la fête d’Halloween. Pourtant dans nombre de civilisations, elles portent bien d’autres légendes et peuvent être considérées comme des êtres puissants, sages ou fondateurs. Aussi, en y regardant de plus près, nombre de mythes et légendes indigènes ou locales présentent les araignées sous de bien meilleurs aspects.

Cette peur est profondément ancrée dans certaines populations humaines et parfois confortée par la présence de quelques (rares) espèces potentiellement dangereuses pour l’humain. Mais rappelons que les espèces présentes en France métropolitaine ne présentent aucun danger pour nous.

En réalité les araignées sont des organismes indispensables, qui représentent un maillon primordial des chaines alimentaires. Les araignées sont toutes carnivores. Cette caractéristique leur donne un rôle très important dans les écosystèmes tel que la régulation des consommateurs primaires ou des ravageurs dans les cultures. Grandes prédatrices d’insectes, ce sont donc des auxiliaires essentiels, que ce soit dans les cultures ou encore dans les maisons.

Les araignées de ma maison : les connaître pour mieux les accepter.

Une énorme tégénaire !

Tout d’abord, il existe plusieurs espèces de tégénaire, dont plusieurs ont tendances à se retrouver dans nos maisons.

Eratigena atrica, Tegenaria ferruginea et T. domestica sont les 3 espèces les plus communément retrouvées dans les bâtiments. Leur corps mesure environ un centimètre. (Un peu plus pour E. atrica un peu moins pour T. domestica). Ces espèces appartiennent à la famille des Agelenidae et sont totalement inoffensives, bien que leur taille et leur rapidité puisse impressionner. Leurs chélicères ne peuvent rarement aller au-delà de notre peau trop épaisse et même si c’était le cas, le venin n’aurait que peu ou même pas d’effets au vu de notre poids. Ces araignées construisent généralement leurs toiles en nappe ou entonnoir, munies d’un tube de retraite. Elles tissent dans des endroits confinés, isolés et chassent la nuit. Il est tout de même possible de croiser des mâles la journée, en quête de partenaires ; et ce notamment à l’automne lorsqu’adultes, ils parcourent les bâtiments en quête de femelles.

What the pholque is this ?

Les pholques (comme par exemple Pholcus phalangioides) sont des araignées également très présentes dans nos maisons, mais contrairement aux tégénaires, elles sont très fines avec de très longues pattes. Les anglais les appellent pour cela "Daddy long-legs". Cet aspect peut leur donner un faux air d’opilion (les faucheux).

Derrière cette morphologie à première vue fragile, se cache d’excellents prédateurs. Avec leurs toiles collantes et leurs longues pattes, ils attrapent tout ce qui passe et peuvent même capturer d’autres araignées bien plus fortes comme les tégénaires. Les toiles des pholques sont donc redoutablement efficaces, même si elles nous semblent parfois tissées de manière anarchique, dans le coin d’une pièce, dans un endroit isolé. En plus de capturer des proies, leurs toiles servent à se protéger : si on vient à s’approcher de trop près, l’araignée se balance si rapidement qu’elle "disparait" de notre vue (vision troublée). Bien plus petites que les tégénaires, les pholques ne sont évidemment pas capables de vous faire du mal.

La zoropse à pattes épineuses, Zoropsis spinimana :

C’est une araignée robuste qui, comme la tégénaire, peut impressionner par sa taille : jusqu’à 2 cm pour les femelles qui sont plus grandes que les mâles. Les deux espèces peuvent d’ailleurs être confondues. Les zoropses ont un côté plus trapu, des pattes plus grosses et moins longues que les tégénaires. La disposition des yeux des zoropses présente une petite similitude avec celle des araignées-loups (lycosidae). Et bien sûr, les motifs sur le céphalothorax et l’abdomen qui sont des critères de distinction.

La zoropse est visible toute l’année dans des milieux ombragés, en ville ainsi que dans les maisons. Cette espèce pratique une chasse active nocturne, ses proies sont aussi bien des insectes que d’autres araignées, envers lesquelles elle se montre très agressive. Cette espèce est actuellement en plein expansion vers le Nord de l’Europe. Elle est aujourd’hui présente dans toute la France. Elle ne présente bien entendu aucun risque si ce n’est une petite morsure surprenante mais presque indolore, si on la prend sans ménagement.

Les accepter chez nous ?

Eh oui ! Pourquoi pas finalement ? Elles sont incapables de vous faire du mal : elles ne piquent pas ! et ne cherchent jamais à vous mordre. Les plus grosses peuvent essayer de se défendre, mais uniquement si vous les cherchez/ennuyez trop ! Alors ce qui compte, c’est qu’elles participent très efficacement à la régulation des mouches, moustiques, punaises et autres petites bêtes (parfois plus gênantes) dans les maisons. Alors peut-être allez-vous tomber sous le charme de ces petites créatures qui, vous feront découvrir une diversité insoupçonnée de comportements, de morphologies.

Bref glossaire :

• Arthropode : Animal à pattes articulées, recouvert d’une carapace : arachnides, mille-pattes, insectes et crustacés
• Chélicérate : Arthropode portant des pièces buccales appelées chélicères, comme les arachnides et limules (pycnogonides)
• Arachnide : Arthropode portant 4 paires de pattes et une paire de pédipalpes (patte-mâchoire), jamais d’antennes, nid d’ailes.
• A contrario un insecte est un Arthropode, Mandibulate (qui porte des mandibules) ou Antennate (qui porte des antennes), comme les mille-pattes et surtout les crustacés auxquels ils sont désormais totalement apparentés.