Pollinisateurs en milieux urbanisés
Journée du 4 novembre 2020 : Pollinisateurs en milieux urbanisés. Programme détaillé, les présentations seront suivies d'un temps de question.
La France compte naturellement une cinquantaine d'espèces indigènes de moustiques de la famille des Culicidae. C'est déjà pas mal ! Mais il faut croire que ça ne nous suffisait pas... Car la problématique du moustique tigre est une énième manifestation joyeuse de la mondialisation, les bons effets des voyages et des échanges commerciaux inconsidérés... ARTHROPOLOGIA vous propose un petit point sur cet insecte et sur les gestes à adopter !
Malgré sa mauvaise réputation, le moustique tigre est une élégante espèce dans sa tenue bariolée. Cette espèce est très facile à reconnaître au premier coup d'œil, si on prend quelques secondes pour le regarder.
Elle est d'abord plus petite que nos moustiques indigènes, mais elle est surtout très clairement maculée de taches blanches, veloutées.
Un moustique tigre (Aedes albopictus) entamant son repas de sang © James Gathany
Nos larves de moustiques indigènes sont généralement grisâtres, tandis que les larves de moustique tigre sont bien plus claires (blanc crème) et présente un appendice sombre au bout de l'abdomen.
Après l'accouplement la femelle du moustique tigre doit prélever du sang chez les vertébrés pour faire maturer ses œufs. Puis elle les dépose, groupés en minuscules barques, à la surface des petits points d'eau stagnante de toute sorte : cavités végétales (creux de branche, tronc, feuilles...), vasques, ornières...
Une fois écloses, les larves se développent dans l'eau en mangeant les micro-algues et autres débris organiques.
Ces moustiques utilisent ainsi une toute petite niche écologique, peu ou pas exploitable par la majorité des autres espèces à développement aquatique.
Autrefois les espèces tropicales dont fait partie le moustique tigre, n’arrivait pas à survivre à nos hivers. Mais avec l’évolution du climat, les hivers sont de plus en plus favorables aux espèces sensibles au froid et permettent à ces derniers de survivre, en particulier dans les milieux urbanisés.
Il y a 2 à 3 degrés de différence entre un centre-ville très minéralisé (goudron, béton, dalles...) et la campagne environnante.
En été et particulièrement lors des épisodes de canicules, les écarts de température peuvent atteindre 8-10 °C et parfois plus. C'est ce qu'on appelle les îlots de chaleur. Ces conditions sont encore favorables au développement des espèces exotiques alors plus compétitives dans ces conditions extrêmes.
Le site de signalement du moustique tigre, géré par l'ANSES* vous permet de voir si votre commune est "touchée" par le moustique tigre.
ANSES : Agence Nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail
Voir la carte https://signalement-moustique.anses.fr/signalement_albopictus/colonisees
Les points d'eau remplis de vie (mares, étangs...) ne laissent que peu de chance au développement des moustiques. Ces milieux hébergent au contraire nombre de prédateurs (aquatiques et aériens) qui peuvent endiguer la prolifération des moustiques : crustacés, larves d'éphémères, libellules et demoiselles, punaises et coléoptères aquatiques, poissons et amphibiens...
Mais dans un bidon ou tout autre récipient placé au soleil, il en va bien autrement : lorsque la température de l'eau augmente, l'oxygène dissout diminue en conséquence. Ainsi, les animaux aquatiques munis de branchies ne peuvent s'y installer et doivent déménager ou mourir.
Les moustiques quant à eux sont capables de respirer l'air atmosphérique directement à la surface, grâce à schnorkel (sorte de tuba). Ce sont donc les récipients d'eau (même petits) laissés au soleil qui permettent aux moustiques de se développer rapidement et sans limites.
Une simple canette de 33 cl peut ainsi libérer des centaines, voire des milliers de moustiques en une année !
(Photos de berceaux à moustiques : JY Barbier, AGUPE, Sainte-Foy-lès-Lyon)
Rappel : les petits volumes d'eau stagnante sont la principale source de développement larvaire. Il est donc important de ne pas laisser de zones permettant la ponte et surtout le développement des larves :
Astuce contre les piqueurs : un ventilateur perturbe la détection olfactive et gêne considérablement le vol de ce minuscule insecte. Ça peut être pratique pour manger tranquillement !
Il est également primordial de développer le "système naturel de contrôle" des moustiques adultes en plus des mesures préventives que vous pouvez prendre :
Quelques exemples :
En cas de forte prolifération, vous pouvez vous protéger en portant des vêtements longs, en installant des moustiquaires (fenêtres, lit...). Certaines huiles essentielles peuvent être dissuasives pour les moustiques, d'autres calment les démangeaisons.
Attention, les huiles essentielles peuvent être dangereuses, prenez obligatoirement conseil auprès d'un spécialiste.
Les espèces exotiques qui s'avèrent envahissantes n'arrivent jamais toutes seules, ni par hasard. De nombreux organismes sont importés pour des raisons esthétiques (horticulture, aquariophilie, NAC...).
Mais les échanges commerciaux plus conventionnels transportent également (involontairement cette fois) toutes sortes d'organismes au travers de la planète.
On compte déjà plusieurs dizaines de milliers d'espèces déplacées par les humains sur l'ensemble du globe. Ainsi une fois bien installée, il est alors très compliqué, couteux et souvent long et polluant de tenter d'éradiquer une espèce. D'autant plus que cela fonctionne rarement.
Comme c'est le cas pour de nombreuses autres espèces exotiques, il n'est sans doute plus possible et totalement inconscient de vouloir éradiquer le moustique tigre de France. L'espèce est aujourd'hui bien installée en Europe du sud et désormais dans une bonne partie de la France.
A noter que le moustique tigre est installé depuis plus de 30 ans en Amérique du nord.
Il va donc falloir vivre ("ou apprendre à vivre") avec. Continuer d'intoxiquer régulièrement et crescendo les milieux urbanisés avec des pulvérisations de pesticides n'est décidément pas une solution durable, ni pour la biodiversité, ni pour l'humanité.
Face à ce genre de problème, seules les solutions fondées sur la nature, qui copient ou favorisent des processus naturels sont durables, acceptables et réaliste. Ainsi la seule voie est de rétablir au mieux un fonctionnement naturel, dans lequel la diversité et l'abondance des prédateurs naturels permettra de juguler ce genre de prolifération.