Indigène, exotique, horticole : une différence loin d’être anecdotique

Vous êtes décidé à planter des arbres, arbustes et autres plants dans votre jardin ? Bien vu ! Refuge et nourriture pour la faune, participation à l’infiltration des eaux, effet sur l’érosion des sols… Végétaliser est un levier puissant pour redonner sa place au vivant.

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Les jardins privés couvrent en effet plus d’1 million d’hectares, soit près de 4 fois la superficie totale de toutes les réserves naturelles en France. Un potentiel loin d’être anecdotique ! Mais encore faut-il « bien » végétaliser, notamment en prêtant attention à ce qui sera planté.

Indigène, exotique, horticoles : quelles différences ?

Vous l’avez sûrement déjà remarqué, les graines ou plants que vous pouvez trouver dans le commerce se divisent en trois catégories : indigène, exotique et horticole. Et en matière d’impact sur le vivant, toutes ne se valent pas, loin de là.

Une plante exotique a été importée d’une région ou d’un pays plus ou moins lointains. Il y a les évidences, comme les palmiers ou bananiers, mais aussi celles dont on aurait presque oublié l’importation tellement elles sont communes dans les jardins : Forsythia, Cyprès, Magnolia, Glycine... Certaines peuvent devenir envahissantes et prendre la place d’autres espèces locales, comme les renouées, arbres à papillon (buddleia), bambous…

Une plante horticole a quant à elle été modifiée, par exemple pour être plus exubérante (plus de fleurs, de plus grandes tailles, plus de pétales, d’autres couleurs, etc. C’est le cas des rosiers, des hortensias ou encore des bleuets.

Enfin, une plante indigène pousse naturellement sur un territoire donné, à l’échelle de la région, dans un contexte bioclimatique. Une plante est considérée comme indigène lorsqu’elle est présente sur un territoire à l’état sauvage depuis au moins cinq siècles. Le saule marsault est par exemple un arbre indigène présent en Europe depuis des millénaires, alors que le platane a été introduit en France au XVIIIe siècle. Les plantes indigènes sont donc sauvages (par opposition aux horticoles) et locales (par opposition aux exotiques).

En savoir plus sur la différence entre les plantes exotiques et les plantes indigènes (vidéo)

Végétal local : des siècles d’évolution pour s’adapter au milieu

Les plantes indigènes ont co-évolué pendant des millions d’années avec les espèces environnantes, et notamment la faune locale. Elles s’y sont adaptées (forme des fleurs, quantité et qualité du nectar, pollen, fruits…) et sont utiles pour les cycles de reproduction de nombreux animaux (insectes, oiseaux, petits mammifères...). Par exemple, le lierre produit son pollen au début de l’automne, au moment où la collète du lierre, une abeille sauvage, en a besoin pour nourrir ses larves. Elles sont porteuses d’une large diversité génétique, là où les végétaux horticoles et exotiques sont souvent clonés. Elles sont également adaptées à leur environnement, au sol, au climat et à la pluviométrie. Elles sont donc plus résilientes et souvent moins exigeantes.

En revanche, les plantes exotiques ou horticoles, si elles paraissent attractives pour les pollinisateurs, sont souvent soit inadaptées à leurs besoins (nectar/pollen peu nourrissant ou en faible quantité, périodes de floraisons décalées...), soit tellement modifiées qu’elles ne sont plus fonctionnelles (moindre production ou ressources rendues physiquement inaccessibles…). Certaines plantes exotiques peuvent aussi devenir envahissantes ou transmettre des maladies ou parasites via l’importation de plants forestiers ou ornementaux (et éventuellement du sol entourant les racines), allant jusqu’à causer des problèmes écologiques et économiques.

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Où trouver du végétal local ?

Depuis plusieurs années la marque « Végétal local » garantit le statut indigène des végétaux et vise à les promouvoir. C’est un repère fiable pour qui veut s’assurer du caractère local et sauvage de plantes achetées. Cependant, en région lyonnaise, la filière se concentre sur des pépinières grossistes et reste relativement inaccessible aux particuliers. La plupart des pépinières et jardineries ouvertes au grand public proposent presque exclusivement des arbustes horticoles ou exotiques. La situation est paradoxale : il est plus complexe pour un particulier de trouver où se fournir en essences très communes comme l’aubépine, le cornouiller, le tilleul, le prunellier, qu’en essences exotiques ou horticoles. Le site internet Végétal local et de nombreux conservatoires botaniques proposent par ailleurs des listes de plantes indigènes des différentes régions bioclimatiques de l’Hexagone.

Cet hiver, Arthropologia lance une opération de distribution d’arbres et d’arbustes « végétal local » ainsi que de fruitiers de variétés anciennes, le tout à petits prix. L'objectif ? Rendre ces végétaux accessibles à tous et accompagner les citoyens dans leur projet de plantation. Dans ce cadre, un programme d’animations sur la thématique des arbres sera décliné tout au long de l’hiver.

En savoir plus sur Les bons plan(t)s d'Arthro

Crédit photo : Rosa canina - Lucile Rougier - CC BY NC SA 4.0 / Prunus spinosa - Remi Chabert - CC BY NC SA 4.0